Indice de santé des PME canadiennes

L’indice de santé des PME canadiennes combine des données de sondage recueillies par BDC, des données du bureau de crédit Equifax et des données macroéconomiques de Statistique Canada et de la Banque du Canada. Il complète les indices existants et offre une nouvelle perspective sur la santé des entreprises canadiennes. L’indice peut éclairer les décisions d’affaires en matière de stratégie et d’investissement.
Même si, à la fin de 2024, l’économie canadienne semblait sur la voie de la reprise, le contexte économique du pays est considérablement chamboulé depuis le début de 2025. Il en a résulté une incertitude accrue pour les entreprises et les consommatrices et consommateurs, et l’impact est le plus prononcé depuis le début du deuxième trimestre.
La confiance et l’activité économique ont été bouleversées entre janvier et mars, mais le bouleversement est moins apparent dans les résultats agrégés du T1. Les exemptions sur les droits de douane imposés en représailles sur les biens américains entrant au Canada annoncées le 14 mai 2025 devraient apporter un certain soulagement aux consommatrices et consommateurs et aux entreprises qui comptent sur les importations.
Résultats par région
Au Canada, une amélioration freinée par l’incertitude
Indice de santé des PME, T1 2025
99,3
Différence d’une année à l’autre
+0,9 %
Différence par rapport au trimestre précédent
-1,5 %
L’indice national a dépassé 100 à la fin de 2024 en raison de l’amélioration du paysage économique. Cependant, l’incertitude engendrée par les tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine l’a fait revenir à sa moyenne historique. Au T1 2025, l’indice national s’est établi à 99,3, en baisse de 1,5% par rapport au trimestre précédent, mais tout de même en hausse de 0,9% par rapport au T1 2024. Malgré un environnement d’affaires généralement meilleur et une hausse de la confiance depuis l’année dernière, les PME sont encore aux prises avec des difficultés financières. L’incertitude économique brouille les perspectives pour les prochains mois.
Les taux d’intérêt plus bas ont considérablement contribué à l’amélioration de l’indice par rapport à l’année dernière. Pour rappel, le taux directeur de la Banque du Canada, qui s’établissait encore à 5% il y a un an, se situe maintenant à 2,75%. Les effets de l’incertitude et des droits de douane avec plusieurs partenaires commerciaux importants n’étaient pas encore apparents dans la composante d’environnement d’affaires au T1 2025. Toutefois, malgré la stabilisation récente de l'économie mondiale, ils vont vraisemblablement peser sur cette composante au prochain trimestre.
Même si la confiance des entreprises était plus grande d’une année à l’autre, leur pessimisme était beaucoup plus grand qu’au dernier trimestre, et ce, en raison d’une hausse marquée de l’incertitude. Alors que le choc le plus fort découlant de l’incertitude économique s’est fait sentir vers la fin du trimestre, la confiance devrait se détériorer davantage au T2. Le marché du crédit est confronté à de plus grands risques compte tenu du fait que les entreprises ont davantage recours au crédit renouvelable: les comptes en arriérés de 30 jours ou plus et le montant moyen des versements de prêts en retard continuent d’augmenter par rapport à l’année dernière, ajoutant aux pressions subies par les entreprises. Comme nous nous attendons à une croissance économique encore plus faible en 2025, on pourrait voir la santé des PME se détériorer davantage au cours des trimestres à venir.


Dans la région de l’Atlantique, un bon départ pour 2025
L’indice pour la région de l’Atlantique montre que 2025 est partie du bon pied, avec une hausse de 2,6% d’un trimestre à l’autre. Toutes les composantes de l’indice de la région ont monté de plus de 3%, sauf la performance du crédit, qui a baissé de 0,2% sous l’influence de l’accroissement de l’utilisation du crédit renouvelable et du nombre de cas d’insolvabilité et d’arriérés de 90 jours ou plus dans les comptes auprès de prêteurs financiers et non financiers.
Les entreprises dans les provinces maritimes sont demeurées plus optimistes que celles des autres provinces, ce qui a contribué à une amélioration de la composante de la confiance d’une année à l’autre. Au dernier trimestre seulement, leurs perspectives économiques ont grimpé de 11% compte tenu de leur exposition relativement limitée aux droits de douane américains et à un portefeuille de partenaires commerciaux plus diversifié. La Nouvelle-Écosse mène au Canada pour ce qui est du commerce interprovincial, tandis qu’au Nouveau-Brunswick, le principal bien exporté, le pétrole raffiné, n’est pas assujetti à des droits de douane. De plus, la région connaît un essor attribuable à de nombreux projets d’investissement majeurs, particulièrement dans le domaine de l’énergie renouvelable, ce qui améliore sa vitalité économique.
Les plans d’investissement et les dépenses par carte de crédit ont augmenté de 31% au dernier trimestre, contribuant à la hausse de la composante de prévisions de croissance, qui est demeurée positive d’une année à l’autre. La confiance s’est améliorée grâce à l’amélioration de la position de trésorerie des entreprises et de la capacité des institutions financières de répondre aux besoins. La baisse des taux d’intérêt et la hausse des salaires ont également contribué à une conjoncture économique plus favorable pour les ménages des provinces maritimes.
Dans l’ensemble, les provinces de l’Atlantique ont commencé l’année avec confiance et la capacité de faire face à une plus grande incertitude économique. Toutefois, les droits de douane chinois sur les fruits de mer pourraient peser sur la santé des PME de l’Atlantique à compter du prochain trimestre.


Au Québec, un retour à la moyenne après une année de reprise
La santé des entreprises au Québec est revenue à ses niveaux moyens au T1 2025. Dans l’ensemble, l’indice du Québec s’établissait à 100,4, en hausse de 2,8% par rapport au T1 2024. Mais il a baissé de 1,7% par rapport au trimestre précédent, ce qui laisse à penser que les droits de douane et l’incertitude économique croissante ont fait ressentir leurs effets tôt dans l’année.
Un environnement d’affaires et des projections de croissance favorables ont contribué à une hausse d’une année à l’autre de l’indice du Québec, signe d’une santé relativement bonne des entreprises de la province. La normalisation des courbes de taux d’intérêt et le retour de l’inflation dans la fourchette cible ont également apporté une certaine stabilité dans une conjoncture économique marquée par une très grande incertitude. De plus, la baisse des taux d’intérêt a fait augmenter le fonds de roulement des entreprises et amélioré leur capacité de rembourser leurs dettes plus abordables.
Toutefois, la performance du crédit et la confiance plombent l’indice du Québec comparativement à l’année dernière et au dernier trimestre. Les arriérés augmentent pour tous les types de comptes et les soldes en retard sur les prêts ont grimpé au cours de l’année écoulée. Cela n’a fait qu’empirer en raison des vents de face subis par l’économie au dernier trimestre qui n’ont pas aidé à réduire la dette des entreprises. Les droits de douane imposés à des secteurs de fabrication clés comme l’acier, l’aluminium et l’automobile pèsent sur la composante de confiance des entreprises, qui a connu une baisse de 3,2% depuis le dernier trimestre sous l’influence de la détérioration des perspectives économiques pour le Canada pour l’année.


En Ontario, des progrès dans l’environnement d’affaires freinés par des enjeux en matière de crédit
Malgré des améliorations trimestrielles et annuelles de la composante de l’environnement d’affaires, l’indice de l’Ontario a baissé à 99,0 au T1 2025. Cela représente une baisse de 2,3% par rapport au trimestre précédent, principalement sous l’influence de la baisse de la composante de performance du crédit, des attentes à la baisse en matière de croissance des entreprises et d’une baisse de la confiance en général. L’économie de l’Ontario est particulièrement exposée aux droits de douane touchant le secteur de l’automobile.
La composante de performance du crédit a connu une baisse par rapport au dernier trimestre et d’une année à l’autre. L’utilisation du crédit renouvelable et les arriérés de 30 jours dans les comptes auprès de prêteurs financiers et non financiers ont augmenté. Plus précisément, les comptes auprès de prêteurs financiers en arriérés de 30 à 60 jours ont augmenté de 5% d’un trimestre à l’autre, tandis que les comptes en arriérés de 90 jours ou plus ont augmenté de 5%.
En 2024, les salaires ont augmenté et l’inflation a baissé en Ontario. L’écart de rendement 10-2 ans des obligations est revenu en territoire positif, reflet de l’amélioration des attentes des marchés. Cependant, la confiance dans les perspectives économiques de la province a chuté de 9,9% depuis le dernier trimestre, témoignant de l’incertitude croissante qui règne parmi les entreprises.
Cette incertitude s’est répercutée dans la composante de projections de croissance des entreprises, qui a connu une baisse de 4,2% au dernier trimestre. Cette baisse découle de la diminution du nombre d’ouvertures de nouvelles entreprises, de projections à la baisse en matière de ventes, de l’affaiblissement des intentions d’investissement et de la diminution du nombre de demandes en matière de comptes.


Au Manitoba et en Saskatchewan, la résilience en dépit de l’incertitude
L’indice pour le Manitoba et la Saskatchewan s’établissait à 104,0, en baisse de 2,7% par rapport au dernier trimestre. Les droits de douane chinois sur la farine et l’huile de canola canadiennes ont des effets sur les exportations de produits agricoles et de la pêche de la Saskatchewan, qui ont connu une baisse de 17,5% au T1 2025. Par contre, l’économie du Manitoba est très exposée aux États-Unis. En effet, 77% de ses exportations sont destinées au sud de la frontière. Malgré la baisse, l’indice demeure relativement élevé et témoigne d’un élan solide des projections de croissance pendant la deuxième moitié de 2024.
La composante de performance de crédit a connu une baisse d’une année à l’autre, et a continué de baisser au dernier trimestre, ce qui laisse entrevoir certaines contraintes financières. Plus particulièrement, les comptes auprès de prêteurs non financiers en arriérés de 30 à 60 jours et les paiements en retard sur les prêts ont connu une hausse marquée au cours des six derniers mois. Les perspectives relatives au remboursement des dettes et aux flux de trésorerie se sont également détériorées malgré la baisse des taux d’intérêt.
Dans l’ensemble, les projections de croissance et la confiance ont connu une baisse par rapport au dernier trimestre en Saskatchewan et au Manitoba. Le contexte économique actuel assombrit les plans des entreprises en matière d’investissement, d’embauche et de ventes comparativement aux attentes de l’année dernière. Pourtant, au T1 2025, 59% des entreprises dans la région s’attendaient à une hausse de leurs ventes au cours des 12 prochains mois comparativement à seulement 35% au T1 2024, ce qui témoigne d’un fort élan sous-jacent. Les projets en cours dans le secteur minier soutenus par le gouvernement fédéral en Saskatchewan pourraient continuer de soutenir la demande pour les PME au cours des mois à venir.


En Alberta, l’incertitude attendue de pied ferme
Les entreprises de l’Alberta sont prêtes à s’attaquer aux défis entraînés par les tarifs douaniers et les prix plus bas du pétrole. L’indice de l’Alberta est supérieur à la moyenne historique depuis le T2 2024, ce qui témoigne de la solidité des entreprises dans la province. Malgré un léger recul au dernier trimestre (-1.5%), l’indice s’élevait à 101,0, en hausse de 1,3% par rapport à son niveau d’il y a un an.
Au dernier trimestre, toutes les composantes ont contribué à la baisse de l’indice de l’Alberta, mais c’est la composante de la confiance qui a eu la plus grande incidence avec une baisse de 5,3%. Cette baisse témoigne de perspectives économiques plus pessimistes, d’une plus grande difficulté à obtenir du soutien des institutions financières et de défis accrus quant à la gestion de la dette. Tandis que les positions de trésorerie sont demeurées relativement solides, le contexte général au cours du trimestre a mené à une incertitude accrue parmi les entreprises.
D’un autre côté, plusieurs facteurs ont freiné l’indice de l’Alberta. Les entreprises étaient moins optimistes à l’égard de l’économie que l’année dernière, comme en fait foi une baisse notable au premier trimestre de 2025. La performance du crédit a également fait baisser de 1,2% la croissance annuelle de l’indice. Les entreprises ont considérablement accru leur utilisation du crédit renouvelable au cours de la dernière année, ce qui a donné lieu à davantage de retards dans les prêts et de cas d’insolvabilité.


La Colombie-Britannique, derrière le peloton
L’indice de la Colombie-Britannique était le moins élevé des indices régionaux au dernier trimestre. Même s’il a monté légèrement à la fin de 2024, à 97,8, il a depuis baissé sous sa moyenne, à 95,0.
La baisse au dernier trimestre était principalement attribuable à une chute de 7,6% dans les projections de croissance, les PME ayant signalé des intentions d’investissement et des perspectives de ventes plus faibles pour l’année à venir. La performance du crédit a également connu une baisse d’environ 2,5% au dernier trimestre en raison d’une hausse marquée des retards dans les prêts et des situations d’insolvabilité. Cela témoigne des contraintes financières auxquelles les entreprises de la province sont confrontées.
L’environnement d’affaires a été le principal facteur de la baisse de 5% de l’indice par rapport à son niveau de 2024, l’économie de la province ayant connu un ralentissement pendant presque toute l’année dernière, surtout à cause des taux d’intérêt élevés et du poids important de la dette qui pèsent sur les entreprises et leurs perspectives.
L’activité commerciale devrait être stimulée à mesure que les taux d’intérêt se rapprocheront des niveaux neutres. La Colombie-Britannique est moins exposée aux droits de douane, ce qui donne un certain répit aux entreprises. Le gouvernement de la province souhaite également accélérer les projets miniers et énergétiques majeurs tout en visant à développer une économie plus diversifiée et autosuffisante. Tous ces facteurs devraient contribuer à une amélioration de l’indice de la Colombie-Britannique au cours de l’année à venir.


Pour de plus amples informations sur la méthodologie, veuillez consulter ce document.